« Nathanaël,
Peut-être
avais-tu raison lorsque tu me disais qu’on ne prête attention qu’aux personnes
qui ne feraient pas l’effort de nous tendre les bras.
Serait-ce
alors nécessaire de croire que ceux qui ne prennent pas la peine de nous
rassurer resteront à nos côtés quoi qu’il arrive ? C’est bête. Toutes mes
intentions ont viré de bord. Quelque chose me souffle d’emblée de ne plus y
croire. Je ne doute même pas. Pas une seconde. Et je déteste ça... D’une minute
à l’autre, je passe de rouge de colère à bleue de peur. Il suffit d’un instant
et d’une piètre excuse pour que je ravale rage et rancœurs. Pourtant, je m’en
veux. J’en ai voulu à tout mon être d’avoir préféré l’insatisfaction du doute
au désespoir de l’abandon…
Je
voudrais pouvoir m’adresser à n'importe qui, tant ça me pèse sur la poitrine,
mais malgré tout je me retiens, tu sais. Parce qu’au fond, moi-même j’ai peur
de cette bombe à retardement humaine qui loge à l’intérieur de mon être. Elle
m’a armée jusqu’aux dents, estomac ferré et cœur en titane, pour déclarer la
guerre à ces grands moments de bonheur qui paraissaient ennemis. Elle est
capable de faire de lourds dégâts et de me faire perdre tout. Y compris toi,
toi et encore toi...
Dois-je
avouer que je suis déçue ? C’est trop tard pour ça. Je dois être
"inrassurable", c'est tout. Je dois encore m’être inventé de trop
belles illusions par rapport à ce que la réalité apporte vraiment. Mais merde
quoi ! J’y croyais, c'est tout. J’aurais voulu être indispensable, fuir cette
putain de morsure qui me rongera encore...
Il
est temps de grandir, petite.
C’est-à-dire
de te fondre dans cette masse informe qui n’évolue pas.
C’est-à-dire
te contenter de petites joies parsemées sur ton chemin avant de croire au
bonheur chimérique.
C’est-à-dire
devenir forte. Sans soutien. Sans paroles tendres et rassurantes. Sans
croyance. Avec pour unique fardeau cette putain de solitude qui pèse sur le dos
de chaque être humain. Avec pour but de lui laisser la plus infime chance de
peser plus lourd. Le destin ne m’échappera pas une seconde fois. Dès que je
saisirai la chance qu’il me donne, je ne la laisserai plus s’enfuir.
Je
n’y arriverai qu’à des centaines de kilomètres de vous deux. Mon cœur ne
supportera plus de vivre à deux-cents émotions à l’heure.
Pardonne-moi.
Eden. »
très accrocheur!
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